12 avril 2008

Gstaad (1918-2008)

En cherchant de nouvelles informations sur Marthe Chenal, j’ai découvert un document anonyme consultable sur le site Gallica / BNF. L’ouvrage est le suivant :


dans lequel sont citées de nombreuses personnalités de l’époque, dont : Georges Auric, Jules Claretie, Jean Cocteau, Pierre Lalo, Darius Milhaud, Gaston de Pawlowski, Paul Poiret, Raymond Radiguet, Erik Satie…
Pages 33-34 du document, j’ai pu lire ceci :
« La renommée de ce restaurant chinois de la rue des Ecoles y attire une nombreuse clientèle d’originaux, d’écrivains, d’artistes, toutes gens amateurs de randonnées dans les quartiers perdus, ou en quête d’alimentations inédites. Mlle Marthe Chenal affectionne l’endroit pour les mets épicés qu’on y sert en abondance sous le regard de chinois authentiques qui pullulent dans la cuisine où ils s’activent silencieusement et jusque dans les rangs du personnel strictement asiatique. Vers le milieu du repas, les bouteilles défilent à une cadence précipitée, sans toujours éteindre la soif des convives de Mlle Marthe Chenal qui dressée telle une torche vivante, le visage en feu et la bouche crispée, stimule de temps en temps le zèle ses [sic] sommeliers en leur criant :
- Envoyez donc les pompiers, nom de Dieu ! »

Idiotes, boursouflées et strictement contemporaines du Manifeste du surréalisme * de Breton (1924), ces lignes m’ont fait penser à celles que consacre Agathe Godard en dernières pages de Paris Match. Par curiosité encore, je découvre que cette même femme de lettres a alimenté un blog entre février et mars 2007 et dont le dernier billet nous donne à lire ceci :

« Pas de neige, mais rien de dramatique puisque rarissimes sont les skieurs. On vient ici pour se balader en chinchilla ou en zibeline, diner au grill du ”Palace” , déjeuner au “Rialto” dans la seule grande rue de cette flamboyante station pour “rich and famous” où le couturier Valentino, Michel Pastor, Jean-Claude Mimran, les Savoie, etc. possèdent des chalets de plusieurs millions d’euros. Comme d’habitude, c’est au “Park Hotel” luxueux palace appartenant à Donna Spaeth-Bertarelli, la blondissime et super-glam soeur d’Ernesto Bertarelli, que Fawaz Gruosi a exposé ses somptueuses pièces de joaillerie et donné un dîner et une fête qui se prolongea jusqu’à l’aube. Fawaz avait proposé 5000000 dollars à l’agent de Scarlett Johansson, la nouvelle star que l’on s’arrache, mais son agent n’avait même pas daigné répondre. Ce fût donc Naomi Campbell qui vint gratuitement par amitié pour son copain Fawaz, remplacer l’inaccessible diva. D’humeur exquise, la “black panthère” retrouva ses copines : Caroline Schefeule, co-propriétaire de Chopard, et épouse de Fawaz, Dona Spaeth-Bertarelli, Tamara Beckwith, belle jet-setteuse anglaise... Naomi va bientôt, annonçait-elle, fêter ses 21 ans... de mannequinat. Elle ne sait pas encore où, mais elle fera une grande fête et Kate Moss qu’elle adore sera de la partie. »

Le post d’A.G. propose deux alternatives :
1) Envoyer l’article à un ami

2) Une série de huit clichés (Gstaad soirée de Grisogono) dont quatre sur lesquels figure A. Godard, pour notre plus grand bonheur.

Gstaad. Comment ne pas penser à Francis Picabia qui y acheva, le 5 avril 1918, son recueil intitulé Poèmes et dessins de la fille née sans mère – [18 dessins / 51 poèmes] ? **




Un petit trou de mémoire, des archives défaillantes, et me voilà compulsant mes carnets durant une bonne heure. Picabia. Dépression. Quelle année ? Et je tombe sur ces lignes de Cathy Bernheim *** qui révèlent peut-être la formule chimique exacte de l’acide cacodylique mais accusent un écart d’une année sur L’Œil cacodylate.


Tenter d’écrire quelques lignes, traquer les imprécisions, ne rien passer. Un mot d’ordre. Mais en quel honneur, cher Francis ?

* André Breton, Manifeste du surréalisme, Œuvres complètes, Gallimard, bibliothèque de la Pléiade, tome 1, pp. 311-346. Surprenant tome 1, aux 711 pages de notices, notes et variantes. Qui dit mieux ?
Décidément, il m’est de plus en plus difficile d’apprécier la prose de Breton, surtout quand je relis ceci : « Roussel est surréaliste dans l’anecdote ». Ibid., p.329.
** Imprimeries Réunies, Lausanne, 1918. Rééd. Allia, Paris, 1992.
*** Picabia, éditions du Félin, coll. Vifs, Paris, 1995, p. 104.